Le PTGE : pour une gestion durable de l’eau dans la vallée de la Drôme

Dans la Drôme, la ressource en eau est limitée dans le temps et l’espace. Le bassin versant est classé en zone de répartition des eaux (ZRE) depuis 1995. Cela signifie que la quantité d’eau disponible ne suffit plus à répondre à tous les usages sans porter atteinte aux milieux aquatiques.

De plus en plus fréquemment l’été, la rivière Drôme connaît des périodes d’assec prolongé (70 jours consécutifs en 2017, 43 jours en 2022, 22 jours en 2025). Les prélèvements restent trop élevés, en particulier pour l’irrigation agricole et l’eau potable, concentrés sur la période estivale. En moyenne, 12 millions de m³ d’eau sont prélevés chaque année, dont 70 % entre juin et septembre.

Un premier plan de gestion de la ressource en eau (PGRE) avait été mis en place en 2015 pour réduire tous les prélèvements de 15 %. Certaines actions ont porté leurs fruits, notamment dans le secteur agricole, avec une substitution des prélèvements dans la Drôme possible par :

• la création de la retenue des Juanons (2006),
• l’extension de la réserve de Chauméane (2022),
• l’interconnexion avec le Rhône (2022).

Les efforts sont notables, même pour l’eau potable, bien qu’engagés plus tardivement, mais ils restent insuffisants. En 2023, les volumes autorisés ne sont toujours pas respectés, notamment pour l’eau potable. Les prélèvements domestiques diffus (sources et forages privés) sont encore mal connus, mais estimés à plus d’un million de m³.

Avec un climat qui s’assèche, des débits en baisse et des températures en hausse, il devient urgent de repenser notre manière de gérer l’eau ; de la mettre au cœur des projets de développement et d’aménagement, d’accueil de nouvelles populations et d’activités. Il est crucial de trouver le bon équilibre.

C’est dans ce contexte qu’a été lancée, fin 2023, l’élaboration du projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE Drôme) qui vise à construire une stratégie commune, partagée entre tous les acteurs de l’eau (élus, agriculteurs, industriels, habitants, associations, etc.).

Le PTGE repose sur plusieurs principes :

• Partager un diagnostic clair des ressources et des besoins, à partir des données du territoire et des projections issues du projet SAGE Drôme 2050,
• Anticiper les effets du changement climatique déjà visibles (étiages plus précoces, débits en baisse jusqu’à -30 %, augmentation des besoins à l’horizon 2050),
• Réduire la dépendance à l’eau, en priorisant les solutions de sobriété et les pratiques économes en eau,
• Renforcer la résilience des milieux naturels, des sols et des nappes,
• Revoir les règles de partage de la ressource, pour une répartition plus équitable entre les usages,
• Coordonner les projets existants et en faire un levier collectif pour agir plus efficacement.

La Commission locale de l’eau (CLE) pilote cette démarche. Elle mobilise plus de 100 structures autour d’ateliers, de groupes de travail et d’un comité de pilotage représentatif. L’objectif est d’aboutir à un programme d’actions concret, accompagné de moyens, de financements et d’un système de suivi.

Depuis 2023, le territoire a déjà engagé plusieurs actions dans le cadre du futur PTGE. Le diagnostic territorial est en cours de consolidation. Il recense les projets en place, les volumes prélevés par usage, les risques et les zones sensibles. Ce travail permet d’identifier les points de tension, les marges de progrès et les leviers d’action, en les confrontant aux objectifs fixés par le nouveau SAGE aux échéances 2030, 2040 et 2050.

La phase de rédaction se déroule sur 2024–2026. Elle s’appuie sur les conclusions du projet SAGE Drôme 2050 et les 4 axes de la stratégie d’adaptation du territoire reprise dans le futur SAGE pour préciser :

1. Quelle ambition en matière de sobriété ?
2. Comment rendre les milieux et les sols plus résilients ?
3. Quelles nouvelles règles de partage entre les usages ?
4. Comment et sous quelles conditions développer de nouveaux stockages d’eau ?

À l’horizon 2026, le PTGE définira un programme d’actions structuré et hiérarchisé sur six ans, intégrant les engagements de chacun (collectivités, acteurs économiques, usagers). La mise en œuvre pourra démarrer dès 2026, avec certains projets anticipés dès validation.

Le PTGE constituera un des volets opérationnels du futur SAGE, qui fixera les objectifs réglementaires à respecter. Cette articulation permettra d’ancrer les actions dans la durée et de leur donner un cadre solide.