La préservation des milieux aquatiques et humides du bassin versant de la rivière Drôme est au cœur de la révision du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux). Ces milieux naturels rendent de précieux services : ils régulent les crues, améliorent la qualité de l’eau, soutiennent la biodiversité et participent à la qualité de vie des habitants. Pourtant, ils sont aujourd’hui mis à rude épreuve par les activités humaines et les effets du changement climatique.
Pour garantir cet équilibre fragile entre nature et usages, le SAGE propose des actions concrètes, pensées à l’échelle du territoire. Objectif : faire cohabiter durablement agriculture, tourisme, urbanisation et préservation des ressources naturelles.
Des milieux aquatiques et humides : des trésors de biodiversité à préserver
Les milieux aquatiques et humides du bassin de la Drôme abritent une vie foisonnante. Plus de 3500 hectares de zones humides ont été recensés, répartis entre marais, prairies inondables, boisements humides ou encore bras morts de la rivière. Ces milieux forment de véritables réservoirs de biodiversité, indispensables à de nombreuses espèces animales et végétales.
Ils jouent également un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de la rivière et du territoire. Véritables corridors écologiques, ils forment une trame verte et bleue permettant aux espèces de se déplacer, de se reproduire et de se nourrir. Ils contribuent aussi à réguler les crues, à limiter le risque d’assèchement de la rivière en été, et à filtrer naturellement l’eau, améliorant ainsi sa qualité.
La réserve naturelle des Ramières du Val de Drôme en est un bel exemple. Classée espace protégé, elle constitue un habitat précieux pour des espèces patrimoniales telles que la Truite fario ou l’Apron du Rhône, un petit poisson endémique aujourd’hui menacé. Préserver ces milieux, c’est donc préserver une part essentielle du patrimoine naturel local.

Un territoire très sollicité : développement urbain, tourisme, agriculture et changement climatique
Le bassin versant de la Drôme est un territoire vivant et attractif, mais aussi très sollicité. L’urbanisation, l’essor du tourisme de pleine nature, les pratiques agricoles ou encore la fréquentation estivale des cours d’eau exercent une pression croissante sur les milieux aquatiques.
En parallèle, le changement climatique accentue les déséquilibres : les débits des rivières diminuent, les périodes d’étiage se prolongent, et la température de l’eau augmente, affectant la vie aquatique.
L’abandon des zones humides agricoles, autrefois inondées naturellement et riches en biodiversité, contribue aussi à la dégradation des écosystèmes. De même, la surfréquentation estivale de certaines rivières – par la baignade ou le canoë – peut entraîner le piétinement des berges, le dérangement de la faune ou la dégradation de la qualité de l’eau.
Ces pressions combinées menacent l’équilibre du bassin et appellent à une action collective pour préserver notre cadre de vie.

Restaurer la continuité écologique : un enjeu pour le bon fonctionnement des milieux
L’un des piliers du SAGE est la restauration de la continuité écologique des cours d’eau. Cette notion désigne la possibilité pour l’eau, les sédiments et les espèces (notamment les poissons) de circuler librement dans le lit de la rivière.
En pratique, cela signifie supprimer ou aménager les obstacles (seuils, digues, barrages) qui bloquent la dynamique naturelle des rivières. Cela permet par exemple aux poissons de remonter le courant pour se reproduire, ou à la rivière de retrouver ses mouvements naturels.
Le syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD) mène ainsi des travaux de restauration du lit de la rivière, en particulier pour favoriser sa mobilité latérale : c’est-à-dire la capacité de la rivière à se déplacer légèrement dans son lit au fil du temps, un processus essentiel pour maintenir un écosystème dynamique.
Des chantiers concrets ont été engagés, notamment dans les secteurs de Livron et Loriol, pour effacer certains ouvrages devenus inutiles et permettre à la Drôme de retrouver un espace de bon fonctionnement. Ces actions redonnent vie aux milieux aquatiques tout en réduisant les risques d’inondation.
Le SAGE : des solutions concrètes pour préserver les milieux et le cadre de vie
Pour encadrer les projets d’aménagement, le SAGE s’appuie sur le principe éviter – réduire – compenser, qui vise à limiter autant que possible l’impact des nouvelles infrastructures sur les milieux naturels.
Deux outils majeurs sont déployés :
- Le plan de gestion stratégique des zones humides (PGSZH), qui prévoit des actions de cartographie, de sensibilisation des acteurs, et de restauration de zones humides dégradées.
- Le plan de gestion de l’espace fonctionnel (PGEF), qui vise à préserver l’espace nécessaire au bon fonctionnement de la rivière et à encadrer les interventions humaines.
Des actions concrètes accompagnent ces outils : entretien de la ripisylve (végétation des berges), lutte contre les espèces exotiques envahissantes comme la renouée du Japon sur la Gervanne, ou encore la réhabilitation du lac de Freydières, un espace humide à haute valeur écologique.

Un équilibre entre usage et préservation : la clé d’un tourisme durable
Le bassin de la Drôme attire chaque année de nombreux visiteurs, séduits par ses paysages, ses rivières et ses activités de plein air. Pour concilier accueil du public et préservation des milieux, le SAGE encourage un tourisme durable, respectueux des écosystèmes.
Cela passe par des campagnes de sensibilisation, la mise en place d’aménagements adaptés (aires de mise à l’eau, chemins balisés), et un suivi écologique régulier, notamment sur les sites Natura 2000.
Le programme EcoDrôme, porté par le SMRD, s’inscrit pleinement dans cette démarche : il promeut une meilleure gestion de la ressource en eau par les collectivités et les acteurs touristiques, en lien avec les enjeux de biodiversité et de climat.
Ensemble pour un bassin vivant et résilient : les prochaines étapes du SAGE
Protéger les milieux aquatiques est l’affaire de tous. Le SAGE réunit de nombreux partenaires – élus, techniciens, agriculteurs, habitants – pour construire un projet de territoire durable et partagé.
Les prochaines étapes porteront sur l’animation du PGSZH, la poursuite des travaux de restauration, et un renforcement de la sensibilisation du grand public. Une campagne de communication dédiée à la révision du SAGE et à la valorisation des zones humides accompagne cette dynamique.

Pour aller plus loin
Les milieux aquatiques nous rendent d’immenses services : eau potable, protection contre les crues, fraîcheur en été, biodiversité, qualité de vie… Mais ces services reposent sur des équilibres fragiles. Une rivière canalisée, une zone humide asséchée ou une ripisylve disparue, c’est tout un écosystème qui vacille.
Préserver et restaurer ces milieux, c’est investir dans des solutions fondées sur la nature, qui rendent notre territoire plus résilient face au changement climatique. C’est aussi garantir un cadre de vie sain et attractif pour les générations futures.
???? Rendez-vous le mois prochain pour découvrir le quatrième enjeu de la révision du SAGE Drôme : la santé publique et la gestion de la ressource en eau.
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